Stan Brakhage – Window water baby moving

Stan Brakhage
Window water baby moving
Court métrage
1958
États-Unis

Window water baby moving est un court-métrage documentaire réalisé par Stan Brakhage en 1958. Cette œuvre est issue du cinéma expérimental qui n’obéit pas aux règles classiques du cinéma. Il fait abstraction du récit, pour donner plus d’importance à l’image et possède sa propre esthétique afin de proposer un cinéma en marge.

Dans ce court-métrage, Stan Brakhage filme l’accouchement de sa femme dans une baignoire remplie d’eau. Nous voyons la femme entrer dans la baignoire, attendre d’être totalement dilatée, accoucher puis expulser le placenta. La façon de filmer n’est pas habituelle, nous avons une succession de gros plans qui empêchent le spectateur d’avoir ses repères dans l’espace. Les plans sur le sexe de la femme, sur son visage, sur son ventre, sur l’eau, sont saccadés. Le montage est rapide. Il n’y a pas de son, on voit la femme de Stan Brakhage se tordre de douleur et crier sans que le spectateur n’entende un seul bruit, ce qui est déstabilisant. L’œuvre est muette afin de donner un impact plus fort aux images. Les plans sont teintés de rouge, l’eau dans laquelle la femme est plongée est également rouge. Un rouge sang qui rappelle l’accouchement.

Certaines images sont crues et brutes, elles n’épargnent rien au spectateur. D’autres, du couple heureux, de l’eau calme et de la fenêtre lumineuse donnent un côté poétique. Cela fait un contraste fort et choquant. Le réalisateur fait entrer celui qui regarde le court-métrage dans l’intimité du couple et de plus, dans l’intimité corporelle de la femme. C’est une expression personnelle et intime que Stan Brakhage nous livre. Le court-métrage est si intime qu’il peut troubler le spectateur. Mais cette œuvre n’est pas seulement troublante par son voyeurisme, elle l’est également par le choc esthétique et visuel qu’elle produit.

Par Margot Deblay
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017