Sarah Kane – Purifiés
Sarah Kane
Purifiés
1998
Théâtre
Royaume-Uni
Écrit en 1998, Purifiés est la troisième pièce de théâtre de l’écrivaine britannique Sarah Kane. Bouleversée par la phrase de Rolland Barthes : « N’est-il pas indécent de comparer la situation d’un sujet en mal d’amour à celle d’un concentrationnaire de Dachau?[1] ». Elle répond à cette question en plaçant l’action de Purifiés dans un camp de concentration où les personnages, subissant diverses tortures et expériences étranges, sont dans l’impossibilité d’exprimer leur amour.
La pièce de Sarah Kane choque d’abord à travers la violence et la cruauté du langage et des situations (scènes de sexe, de torture, parfois difficiles à réaliser par les metteurs en scène). La souffrance d’une femme après la mort de son frère avec lequel elle avait une relation incestueuse , les tortures physiques subies par un couple homosexuel, les rapport de pouvoir et soumission entre les 5 personnages de la pièce et leur tortionnaire, sont aussi des éléments choquants, qui décrivent l’impossibilité d’aimer qui que ce soit (membre de la famille, personne du même sexe). Faisant référence à une certaine période de l’Histoire et son contexte sanglant, Sarah Kane ouvre son texte à une échelle plus large, universelle, celle de l’Homme et de l’essence de l’amour. Non dernièrement, l’innovation de l’écriture de Sarah Kane représente aussi un choc, non pas seulement à cause de la violence de la parole, mais aussi de tous les éléments dramaturgiques : structure du texte, didascalies, personnages. La violence de Sarah Kane ne vient pas de sa propre personnalité, mais du monde extérieur qu’elle décrit de manière crue. Ainsi, nous pouvons dire que le choc dans notre cas a une triple nature : il y a d’abord le choc qui pousse à cette écriture, et ensuite le choc de la perception du texte et de la quête de son sens, puis le choc de la contextualisation et l’identification du texte avec son auteur et son destin tragique.
Par Alexandra Blajovici
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017
[1]Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, Editions du Seuil, p.60