Falk Richter et Stanislas Nordey – Je suis Fassbinder

Falk Richter et Stanislas Nordey
Je suis Fassbinder
2015-2016
Théâtre
France

Je suis Fassbinder est une pièce écrite par Falk Richter, auteur contemporain allemand ayant comme sujets de prédilection l’homme dans la mondialisation ou encore la transgression politique et sexuelle. Cette œuvre est issue d’une mise en scène à quatre mains entre l’auteur et Stanislas Nordey, marquant leur première collaboration et l’entrée de Richter en temps qu’artiste associé du Théâtre National de Strasbourg (TNS).  Celle-ci traite du parcours de l’artiste Rainer Werner Fassbinder, cinéaste allemand mort en 1982, et de son influence sur le travail de Richter. Ce spectacle questionne, comme beaucoup des pièces de l’auteur, les limites du théâtre: ce que l’on peut faire ou non ou ce que l’on peut dire ou non sur une scène de théâtre.

Au théâtre, le nu me choque assez peu et me marque rarement: il devient courant dans la scène contemporaine et a souvent une volonté esthétique forte, mais tout à fait intégrable dans le spectacle. Le corps est souvent représenté tel quel et sublimé par la scène et ses artifices. Le nu dans un spectacle peut également être relié au corps vu par le prisme des autres arts. S’il est mis en lien avec la danse ou la performance, le nu peut aussi évoquer l’exposition du corps comme outil de travail. Dès lors, il n’a pas volonté de choquer s’il n’est pas glorifié, sexualisé ou présenté comme hors norme.

Or, dans ce spectacle, le nu a pour volonté de choquer, davantage par l’acte provocant que par la nudité en elle-même. En effet, nous voyons l’un des acteurs faire sur scène une exhibition de ses parties génitales, appelée plus vulgairement « hélicobite » ou « zizcoptère ». Action qui consiste pour un homme à agiter de manière circulaire ses parties génitales, et ce ici, devant le public. Le but n’est donc pas seulement de montrer le nu, mais, de l’arborer de manière provocante. Le nu se limite alors à la vision du sexe qui devient l’image mise en valeur. Ici, la nudité a bien pour but de renvoyer au ridicule ou au provocant, et non au beau. Cette sexualisation outrancière du corps est commune dans les pièces de Richter. Dans Nobody, on peut voir une scène d’amour sur scène, ce qui renvoie le corps à la nudité, à la sexualité et à une forme de violence, de « pétage de plomb » et de réappropriation de soi dans un contexte de dépersonnalisation dû à la mondialisation. C’est cette nudité que veut exposer l’auteur, en relation avec le questionnement constant dans son travail des limites du théâtre et de la société.

Par Anélys Pieto – Le Lay
Université Sorbonne N
ouvelle – Paris3, L3, 2017