Violette Leduc – Ravages

Violette Leduc
Ravages
1955
Littérature
France

En 1954, Violette Leduc achève la rédaction de Ravages. Il s’agit d’une autofiction  dans laquelle l’auteure raconte, dans la première partie, les souvenirs réels de sa liaison avec Isabelle. Celle-ci était une camarade de classe de Violette qu’elle a connu et aimé lors de son adolescence en pension au collège de Douai. Cette relation homosexuelle lui a valu son renvoi de l’institution. Cette première partie fait scandale et sera supprimée par les éditions Gallimard. L’éditeur lui demande également de censurer le récit de son avortement, épreuve qu’elle endura en 1941 en dépit de l’accord de son compagnon, Jacques Mercier ce qui entraîna leur séparation. Le manuscrit de Ravages tronqué, est publié en 1955 aux éditions Gallimard et la première partie supprimée du roman, ne sortira qu’en 1966 dans une édition de luxe titrée Thérèse et Isabelle.

L’œuvre de Violette Leduc fait scandale en raison de la voix singulière et sans filtre que celle-ci emploie dans ses écrits. L’auteure adopte dès les années 50, une écriture fleuve qui s‘autorise des allusions sexuelles explicites et aborde sans honte les thèmes de l’homosexualité ou de l’avortement. L’écriture de Violette Leduc fait scandale car, elle représente un tournant, tant dans la forme reposant sur des phrases saccadées, presque verbales, que sur les thèmes qui ne subissent pas de censure morale de la part de l’auteure. Il est difficile d’aborder son travail sans s’intéresser à la vie même de l’écrivaine, tant celle-ci est impliquée dans son récit et invoque des souvenirs vécus pour construire son récit. C’est selon moi, cette entièreté qui alimenta le scandale à l’époque, et qui continue d’ajouter au sulfureux de son œuvre aujourd’hui. Néanmoins c’est également cette honnêteté qui donne de l’intérêt à la lecture, tant le lecteur peut dans un premier temps se scandaliser d’une parole honnête, aux antipodes de toutes conventions de penser, pour ensuite accepter la vérité d’une âme crue dans laquelle il pourrait se reconnaître en partie.

Par Anna Longvixay
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017