Stanley Kubrick – 2001 : l’Odyssée de l’espace

Stanley Kubrick
2001 : l’Odyssée de l’espace
Film
1968
États-Unis

2001 : L’Odyssée de l’espace est un film réalisé par Stanley Kubrick et sorti en 1968. Ce long-métrage est inspiré d’une nouvelle d’Arthur C. Clarke (La Sentinelle) écrivain avec qui Kubrick a collaboré pour l’écriture du scénario. Le film se divise en quatre segments : un premier représentant la relation bestiale et grégaire de primates, puis un deuxième dans une station spatiale, cette fois-ci présentant les relations entre les astronautes mais aussi, avec leurs familles au téléphone sur Terre. Le troisième se situe dans un vaisseau spatial,  cette section se structure autour de la relation entre des astronautes et une intelligence artificielle. Enfin, le dernier segment est un voyage étrange d’un des astronautes seul dans l’espace, où il se retrouve finalement dans une salle face à lui-même, mais plus âgé et mourant. Je vais tout d’abord rapporter les raisons de ce choc puis nous nous intéresserons aux caractéristiques de ce film.

PRÉSENTATION

J’ai été choqué par ce film, car il ne ressemblait en rien de ce que j’avais déjà vu. Je ne suis pas cinéphile, mais j’apprécie néanmoins le cinéma, et je ne pensais pas possible que ce médium puisse provoquer autant de questionnements et engager autant de pistes de lectures différentes. Tout en restant un film, avec des images en mouvement, du son, des paroles, une histoire plus ou moins perceptible, il ne ressemblait en rien à ce que j’avais déjà pu rencontrer. J’ai donc été heurté par la nouveauté, la nouvelle voie qu’il ouvrait pour moi au genre cinématographique. Tout d’abord il proposait des pistes de réflexion, des questionnements, avec une telle profondeur et dont je ne soupçonnais pas la possibilité au cinéma. J’ai trouvé qu’il avait un discours philosophique auquel je ne m’attendais pas. D’ailleurs il fait référence à Nietzsche en intégrant une chanson inspirée d’Ainsi parlait Zarathoustra. J’ai donc été choqué par la profondeur de ce long-métrage, le discours qu’il présentait. Mais cela n’était possible que par un choc également produit par la forme particulière du cinéma de Kubrick. Il y a des lenteurs, dans le premier tableau, je me suis presque ennuyé, ne comprenant pas ce que voulait nous montrer l’artiste. Puis je suis rentrée dans le rythme et la temporalité particulière du film, avec les musiques qui l’accompagnent. Il y a une véritable poésie, qui nous laisse dans un flou prophétique. J’ai donc été choqué par la beauté de ce film, c’est un choc esthétique, ma vision du genre cinématographique a été complètement bouleversée.

ANALYSE

Nous allons voir maintenant les différentes caractéristiques de cette œuvre, pour mieux comprendre ce qui constitue la nature du choc. Dans un premier temps nous pouvons nous intéresser aux caractéristiques formelles. Pour commencer, nous pouvons relever la manière dont la narration de ce film est construite. Elle ne présente pas une structure de récit habituelle avec un début, un élément perturbateur, des péripéties, un dénouement, puis une résolution. Le film se divise en quatre segments (décrit en introduction) qui ne semblent pas toujours en liens les uns avec les autres. Toujours dans l’aspect formel, nous pouvons souligner une autre caractéristique inhabituelle : le silence, ou plutôt l’absence de parole. Il y a très peu de passages dialogués, les deux tableaux du milieu, donc situé dans la station spatiale et dans le vaisseau, sont composés de paroles, sinon aucun discours n’accompagne le spectateur dans cette performance étrange. À cela nous pouvons ajouter la lenteur de certains moments du film, le réalisateur fait des pauses sur des images, par exemple au début du deuxième moment avant que le personnage principal n’arrive sur la station : on voit le vaisseau se déplacer dans l’espace entre les planètes pendant presque dix minutes.

Nous pouvons donc souligner les caractéristiques principales du film qui sont le travail sur rythme, sur la narration, sur la déconstruction temporelle et spatiale (étonnant pour un film qui se passe dans l’espace qui perdent le spectateur et constituent un choc esthétique. Par cette forme étonnante Kubrick crée une atmosphère particulière, dans laquelle le spectateur tente de comprendre le fond de l’histoire qui n’est pas décodable si facilement. C’est par une accumulation de motifs qui se répète dans les différents tableaux que l’on peut supposer un discours implicite. Une des caractéristiques de l’œuvre est ainsi d’avoir constitué un discours sur la technique. En effet nous pouvons repérer plusieurs indices qui le suggèrent : dans le premier tableau là où les singes (ou hommes préhistoriques) se battent entre tribu ou groupe nous voyons apparaître la première apparition de la technique. Un singe va prendre un os pour taper sur quelque chose, nous pouvons voir ici le détournement d’un objet, le singe acquiert une technique. Ce même thème est développé aussi dans le troisième moment lorsque l’intelligence artificielle prend le contrôle du vaisseau et se libère des ordres humains. Nous voyons ainsi l’évolution de la technique du premier moment, peut-être de sa création, jusqu’à son paroxysme, celui de la destruction de l’humain.

Ce film comporte plusieurs caractéristiques qui forgent sa particularité, nous en avons vu certaines, mais d’autres participent aussi à sa spécificité. Ces caractéristiques sont à l’origine du choc provoqué sur moi.

Par Julie Maréchal
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017