Sigalit Landau – Barbed Hula

Sigalit Landau
Barbed Hula
Vidéo
2001
Israël

Barbed Hula est un clip extrait de la vidéo Deadsee créée par l’artiste israélienne Sigalit Landau en 2001. Le clip dure une minute et cinquante-neuf secondes durant lesquelles le spectateur peut voir une femme nue, dos à la mer, faisant du hula hoop avec un cerceau de fil barbelé. Le visage de l’artiste est coupé par le cadrage. Au fur et à mesure de la vidéo, la caméra zoome sur le ventre de la femme jusqu’à ce qu’il remplisse l’écran et qu’on ne voit plus que le mouvement du cerceau et les blessures qu’il lui inflige.

Cette œuvre se propose d’explorer différentes limites ou frontières : la mer, le corps nu, la douleur. Elle s’inscrit dans le mouvement d’art corporel et d’art post-conceptuel. Lorsqu’elle est exposée, la vidéo tourne en boucle. Elle se transforme en installation : un projecteur, un mur et deux haut-parleurs. On n’entend pas de musique, seulement le bruit des vagues. L’apaisement que procure habituellement ce son contraste avec la violence de l’image. Cette violence repose sur le contraste entre la vulnérabilité du nu, surtout qu’il est exposé en extérieur, et le choc de l’automutilation. Le hula hoop est habituellement une activité ludique, une activité d’enfant. On se retrouve pourtant face à un corps mature dans une activité qui le blesse. Ainsi, ce n’est pas tant la mutilation en elle-même qui provoque le choc, mais la violence du contraste entre des images douces (la mer, le jeu) et une image violente, celle de ce ventre écorché, qui s’impose petit à petit au spectateur.

Pour l’artiste, cette vidéo représente l’innocence, symbolisée par le corps nu, face aux limites qui l’empêchent d’atteindre la liberté. Le fil barbelé marque souvent une frontière entre deux espaces, et marque l’hostilité entre ces espaces, et la mer évoque généralement la liberté, surtout qu’il s’agit ici de la Méditerranée en Israël. SiIgalit Landau décrit ainsi son travail : « […] mon travail est envahi des réalités concrètes dérangeantes. Je sens ou respire les conditions du monde, et puis je danse avec ».

Par Salomé Blaise – Deraime
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017