Mary Harron – American Psycho
Mary Harron
American Psycho
2000
Film
États-Unis
American Psycho est un film réalisé par Mary Harron, sorti en 2000, et adapté du roman du même nom de Bret Easton Ellis. Le personnage principal est Patrick Bateman, interprété par Christian Bale, qui travaille pour l’entreprise d’investissement de Wall Street Pierce & Pierce. Il mène une double vie puisqu’il est un homme d’affaires à l’apparence toujours soignée devant les autres mais, il est aussi un serial killer. Dans sa « seconde vie », Bateman est un tueur en série qui assassine plusieurs victimes : collègues, clochards, prostituées… Ses crimes, y compris des viols, des actes de torture, des meurtres et du cannibalisme, sont décrits en détail dans le roman. Dans le film, les scènes sont très explicites et réalistes : on voit un personnage tout à fait banal qui fait éclater ses pulsions violentes et meurtrières et laisse place à la folie. En effet, on ne se doute pas une seconde que cet homme est un véritable psychopathe. Dans l’une des scènes, il dévore une femme avant d’en poursuivre une autre avec une tronçonneuse à la main, ce qui montre l’absolue démence du personnage.
Bateman ne correspond pas au profil type du tueur en série car, il tue plus ou moins aveuglément, sans préférer un type de victime et sans mode opératoire cohérent. Tout au long du roman, il tue des hommes, des femmes, un enfant et des animaux. Il tue des femmes surtout par plaisir sexuel sadique, souvent pendant ou juste après l’amour et est aussi fréquemment violeur. Il tue des hommes, parce qu’ils lui inspirent de la colère ou le dérangent et un enfant juste pour voir si cela lui plaît (ce qui n’est pas le cas).
Le film choque car il illustre parfaitement ce qu’Hannah Arendt a écrit dans son livre « La banalité du mal ». Au-delà de l’extrême violence pure du film, il dévoile l’envers d’une société basée sur l’apparence physique : on juge et on détermine quelqu’un par ce qu’il porte, sa façon de se comporter devant les autres. Or, il montre que ces apparences sont justement trompeuses car, nous refoulons tous en nous des pulsions comme l’a dit Freud, de ce fait, la personne que l’on croit être normale, comme notre propre voisin que l’on croise tous les jours, peut-être en fait un psychopathe qui commet des crimes à l’abri des regards. C’est cela qui choque car, le film remet en cause notre perception du monde, notre regard sur les autres.
Par Dick Johan
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017