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Les études de cas

Marquis de Sade – Les Cent-vingt journées de Sodome

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Marquis de Sade
Les Cent-vingt journées de Sodome
Littérature
1785
France

Les Cent-vingt journées de Sodome est le premier ouvrage du Marquis de Sade écrit à la Bastille en 1785. Telle qu’on la connaît aujourd’hui, l’œuvre demeure inachevée en raison de la perte du manuscrit par Sade en 1789. Pour contrer la censure, le marquis recopia son œuvre sur un long rouleau de papier très fin qu’il dissimula, selon la légende, dans un godemichet. Le manuscrit se perd dans les effets personnels de son auteur, lorsque celui-ci sera transféré à l’hospice de Charenton. Le manuscrit est finalement retrouvé et passe de mains en mains pendant plusieurs générations. Ce n’est qu’en 1904 qu’est éditée une première version comportant de nombreuses erreurs de transcriptions.

Les écrits du Marquis de Sade auraient pu tomber dans l’oubli et ne jamais connaître la même résonance que celle qu’ils connaissent aujourd’hui, sans l’apport des surréalistes qui se fascinent pour cette œuvre extrême qu’ils étudient et remettent en lumière au XXème siècle. Témoignent de cette fascination, les dessins et nombreuses références de Man Ray à Sade dans Les Mains Libres.

Cet intérêt des surréalistes pour le Marquis de Sade est ce qui m’a permis d’en faire la découverte au cours de mes études. Les 120 journées de Sodome demeure pour moi l’œuvre la plus extrême et la plus spectaculaire par sa longueur et la précision quasi médicale des faits qui y sont décrits. L’histoire est celle de quatre aristocrates qui à la fin du règne de Louis XIV, s’enferment dans un château perdu de la Forêt Noire avec 42 victimes soumises à leur pouvoir absolu. L’ouvrage se compose sous forme de journal qui relate les perversions subies par les victimes.

L’œuvre est très répétitive et ne s’embarrasse pas d’une censure résultant de la morale traditionnelle qu’exècre Sade. La longueur du récit est en mon sens manifeste de la folie du Marquis de Sade livré à lui-même, qui décrit l’indicible, car c’est là le seul moyen pour lui de contester l’autorité seul et avec violence. La beauté de ce livre réside dans l’extrême que met en scène, qu’ose, Sade en inventant parmi la répétition, d’innombrables manières d’animer le sordide. L’œuvre fait choc, car elle est le résultat d’un esprit entièrement perverti par l’enfermement et une rage révoltée. L’esprit est alors à même d’inventer l’inimaginable et de prouver au lecteur qu’un tel niveau d’infamie est, finalement, possible.

Par Anna Longvixay
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017

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