Marcel Duchamp / « R.MUTT » – Fontaine (fountain)
Marcel Duchamp / « R.MUTT »
Fontaine (fountain)
1917
Ready-made
France
Marcel Duchamp, Fontaine, 1917, Ready-made, 63 X 48 X 35 cm.
L’œuvre emblématique de l’art du « ready-made », La Fontaine attribuée à Marcel Duchamp en 1917, continue de faire scandale et d’être au centre de plusieurs controverses.
En effet, l’ urinoir original en porcelaine blanche signé « R. MUTT » daté de 1917 a été perdu. Le seul témoignage de son existence est une photographie. L’œuvre a ensuite été répliquée plusieurs fois, datée, signée et numérotée par l’artiste. On en trouve dans plusieurs centres d’art contemporains dans le monde.
La volonté de Duchamp était de questionner l’art et sa définition dans son ensemble en envoyant cette « œuvre », signée par un pseudonyme, au jury de la Société des artistes indépendants de New-York pour l’exposition du 9 avril 1917. Théoriquement, aucun objet ne pouvait être refusé pour des questions de goût. Seulement, l’urinoir est rejeté unanimement : il n’est pas considéré comme une œuvre d’art.
L’idée de Duchamp a donc fait scandale d’abord au sein d’un cercle restreint d’amateurs d’art, parce qu’elle ne correspondait pas aux canons esthétiques préétablis. Après un soutien médiatique au « cas Richard Mutt » et quand l’identité réelle de l’artiste a été dévoilée, l’œuvre a su trouver sa place dans les galeries et les musées. Seulement, là encore, cette décision semble scandaleuse: sous prétexte qu’un urinoir est associé au nom d’un peintre reconnu, il devient une œuvre d’art à part entière. Duchamp a voulu questionner la vraie valeur de l’art et c’est en faisant scandale qu’il y est parvenu.
La postérité de l’œuvre pose également question : reste-t-elle une œuvre d’art si elle est réalisée « en série » avec des objets d’usage quotidien ? C’est le détournement des règles de l’art dans son ensemble qui, ici, fait scandale.
Par Chloé Aubert
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017