Catherine Millet – La vie sexuelle de Catherine M.

Catherine Millet
La vie sexuelle de Catherine M.
2001
Roman
France

Paru en 2001, La vie sexuelle de Catherine M. est une autobiographie de Catherine Millet, personnage public de l’art contemporain. Comme le titre clair et sans ambiguïté l’indique, elle décrit minutieusement, depuis son plus jeune âge, de manière simple et explicite, ses innombrables aventures sexuelles. Dès sa parution, le livre connaît un succès considérable et se vend à des centaines de milliers d’exemplaires, notamment grâce au scandale et au tapage médiatique qu’il suscite.

En effet, on lui reproche tout d’abord d’étaler, aux yeux de tous, des aventures libertines, où bien souvent de nombreux partenaires entrent en compte, dans des scénarios qualifiés de « pornographique » par certains critiques. Mais, ce qui scandalise d’avantage, c’est le langage soutenu et presque médical qu’elle utilise : certains la trouve répétitive et ennuyeuse, d’autres dégoûtante, voyant le livre comme un véritable « tue-libido » par la mécanisation du langage. De plus, les partenaires évoqués ne semblent pas avoir de visage, le plus souvent se sont des anonymes : Catherine Millet ne fait pas de sélection, elle « baise », c’est tout. On finit par trouver l’autobiographie dégradante pour la femme, puisque l’auteure n’évoque jamais son propre plaisir et semble toujours se soumettre sans réfléchir à ses partenaires. Enfin la question qui semble le plus perturber les critiques est la question de l’amour. Quelle est la place de l’amour dans tout ça? Des sentiments?

Catherine  Millet se défend d’avoir fait de son autobiographie une lecture pornographique. Elle se justifie notamment par l’utilisation de ce langage précis et médical. De plus, elle explique qu’elle n’a jamais pris en compte son propre plaisir avant ses trente-cinq ans, en effet, mais par ignorance et pour se protéger. Elle voulait tout contrôler, par peur de se laisser envahir. Mais doit-on en faire une oeuvre anti-féministe pour autant? Son langage particulier permet d’effectuer une distance par rapport aux événements et finalement, on peut entrevoir plein d’autres perspectives de compréhension de sa sexualité. Il en est de même pour la question de l’amour. Est-ce parce que c’est une femme que l’on a eu besoin de la rappeler à l’ordre sur le sujet de l’amour? Et si elle voulait nous apprendre quelque chose de différent sur notre sexualité, sur la sexualité des femmes, sur la séparation du corps et des sentiments… ?

Par Héloïse Cholley
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017