Ilka Schonbein – Métamorphoses

Ilka Schonbein
Métamorphoses
Marionnettes
1994
France

Ilka Schönbein est une marionnettiste allemande originaire de Darmstadt qui vit en France. Elle travaille beaucoup sur le corps et la métamorphose de celui-ci.

Formée à la danse eurythmique qui prône l’alliance de l’âme et des gestes, elle utilise son corps comme un outil, par exemple une marionnette, sur lequel on peut isoler une partie et en faire un personnage. Ses marionnettes sont souvent comme des prothèses, un prolongement de son anatomie. Elle a une maîtrise totale de son corps, ceci conférant à  son travail une précision extrême. Ilka Schönbein défend une esthétique expressionniste de la laideur : elle incarne et fait exister dans ses créations des figures grotesques, étranges et des créatures mi- animales mi-humaines.

Pour fabriquer ses marionnettes et ses décors, elle créée des formes monstrueuses et détourne des objets ou des résidus naturels tel que le papier mâché. Elle manipule ces objets avec toutes les parties de son corps (ses mains, ses pieds, sa tête, ses fesses …). Ilka Schönbein conçoit elle-même tous ses masques, costumes, marionnettes et textes.

Il y a dans ses spectacles des images d’horreur assez violentes. Son spectacle Métamorphoses fut un véritable choc pour moi. Notamment la scène de l’accouchement qui m’a impressionnée. C’est avec ce spectacle que la marionnettiste s’est fait connaître. Il a été créé pour la rue afin de toucher un public divers, puis adapté aux scènes de théâtre sans pour autant occulter la rue. Ilka Schönbein y présente un personnage féminin étrange et sans âge qui découvre l’enfantement et l’amour maternel. Il n’y a aucun texte dans le spectacle, mais elle est accompagnée par un fond sonore composé de chansons juives yiddish

J’ai été très touchée par la virtuosité de l’artiste, en particulier sa façon de manipuler et de faire vivre ses marionnettes. Elles existent comme des personnes à part entière. Il y a une précision dans son travail et un réalisme troublant.

Ilka Schönbein joue avec l’ambivalence même de la marionnette, en créant des rapports  ambigus entre le vivant et la mort. Un être inanimé qu’elle parvient à faire vivre par la puissance de son art, qui semble parfois dangereux. Comme si la marionnette mettait en danger l’artiste et prenait le dessus sur elle. Elle accouche ici au sens propre du terme, d’une marionnette, à qui elle donne vie.

Par Chloé Rey
Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017