Esthétique du choc
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Les études de cas

David Lachapelle

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PIETÀ

David Lachapelle est un photographe et réalisateur Américain connu surtout dans le domaine de la mode, de la publicité et de la photographie d’art. Disciple de Andy Warhol qui lui a offert son premier travail dans le magazine Interview, Lachapelle s’inspire autant de l’histoire de l’art que de l’imagerie pornographique. Son style coloré, surréaliste à la limite du kitsch même, est devenu un des modèles de la pop-culture en mettant en scène des stars dans des univers glamours, provocants et souvent teintés d’un érotisme plus ou moins pervers.
C’est dans cette sphère artistique de l’artiste, que nous retrouvons l’oeuvre Pietà. Il s’agit d’une photographie reprenant la célèbre statue de Michelangelo Pietà qui se trouve dans la Basilique Saint Pierre à Rome. Le photographe se réaproprie  l’image du Christ sacrifié et recueilli par la Vierge Marie et en fait un spectacle visuel avec Courtney Love, un sosie de Kurt Cobain ainsi qu’avec leur enfant Frances Cobain.
C’est en 2009 à l’âge de treize ans à l’occasion d’une rétrospective de l’artiste à La Monnaie, que j’ai pu voir, admirer et être bouleversée en même temps par l’oeuvre Pietà.

I)    Un choc culturel
Ayant grandi à Rome, ville fortement religeuse et catholique, j’ai été dans un premier temps très  choquée par la Pietà de Lachapelle qui représente la célèbre scène de façon provocante et assez blasphèmatoire. En effet on remarque le corps d’un homme dans la même pose que Jésus, couché sur les genoux de Courtney Love. Grâce aux connaissances de la culture populaire, nous comprenons qu’il s’agit de l’image de Kurt Cobain, rock star et  mari défunt de Love. La figure de Cobain présente sur les bras des stigmates, mais aussi des marques suggérant l’usage de drogues et évoquant l’addiction du rocker. De plus, l’horloge légèrement cachée sur le côté gauche de la photo par des bouteilles, des médicaments et des tablettes, indique 2h30; c’est l’heure à laquelle Cobain a été retrouvé mort. Pour renforcer la présence de la mort, de la maladie et de l’addiction, la scène se déroule dans une chambre qui représenterait la chambre où Cobain s’est suicidé, et la figure de Courtney Love est assise sur une civière d’hôpital, soulignant encore plus l’ambiance mortuaire.Cependant, un personnage s’oppose à cette atmosphère : l’enfant (qui pourrait être la fille des deux chanteurs, Frances Bean) qui joue sur le sol avec à côté des blocs de construction portant le titre du livre de Lachapelle (Heaven to Hell), pourrait donc représenter une scène de la nativité pleine d’espoir et vie. A cela s’ajoutent  plusieurs autres éléments appartenant à l’imagerie religieuse qui se trouvent dans la pièce: une Bible, le vin rouge, le poisson sur la soldans la pièce. Love est  vêtue d’une robe bleue, couleur souvent portée par la Vierge Marie dans les tableaux de la Renaissance et a un halo lumineux autour de la tête, qui devrait suggérer sa sainteté et pureté. Ainsi le contraste entre tous les éléments théologiques de la photo et ceux faisant référence à la drogue, la maladie et la mort m’ont choquée dans un premier temps car la photo, malgré son côté religieux, n’est en vérité qu’une représentation de la   déchéance de la société contemporaine.

II)    Un choc visuel
Cependant, pour moi il ne s’agissait pas d’un choc négatif et d’un rejet de l’oeuvre, mais d’une contemplation d’un spectacle visuel. Etant plus jeune lors de la découverte de cette œuvre, je ne connaissais principalement que la photographie « classique » et non la photographie pop kitsch artistique. La présence de couleurs vives très saturées, l’importante dimension du tirage photographique mais aussi le travail de mise en scène pour la réalisation d’une seule photo, m’ont vraiment surprise et laissée dans un état d’admiration. De plus, savoir que l’univers surréaliste de Lachapelle n’est pas le fruit de trucages informatiques mais de décors créés exprès pour le cliché, ont fait naître en moi un intérêt pour l’artiste et pour ce genre photographique que j’apprécie encore aujourd’hui.
Ainsi si mon choc était dans un premier temps dû au contenu de l’oeuvre, il s’est ensuite traduit par une véritable admiration formelle de l’oeuvre et du travail de Lachapelle qui est devenu ensuite, un des mes artistes visuels préférés.

Par Flaminia Réposi

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