Damián Szifrón

LES NOUVEAUX SAUVAGES

Les nouveaux sauvages est un film à sketches argentino-espagnol (six sketches) réalisé par Damián Szifrón et présenté à Cannes en 2014. Il met en scène des personnages à un moment de rupture dans leur vie, où ils ont fini de subir des événements et où ils décident maintenant de réagir (de façon plus ou moins rationnelle). Leur vie devient alors l’envers de ce qu’elle a été jusqu’alors. Ils perdent le contrôle et y prennent plaisir. La bande-annonce met en scène cette lente progression chez le personnage et donne un avant goût du film.

Les sujets abordés sont violents et provoquent le spectateur. Les thèmes invitent le public à être particulièrement touchés et choqués à la fois. La réaction et les actes des personnages dans une société similaire à la nôtre, dépassent l’entendement et la morale. Tout l’enjeu est de savoir se positionner par rapport à ce qui est montré.

Deux types de réactions face à ce film, mais toutes deux quasi extrêmes :

Choc positif : conquis par l’énergie du film, le ton ironique est perçu et les personnages entraînent les spectateurs dans leur moment de délire.

Les Inrocks : « Nulle complaisance ici, pourtant, nul cynisme, nulle affirmation rance d’une supposée méchanceté ontologique de l’âme humaine. Mais du pur comique, donc du politique. »
Choc négatif : le spectateur ressent presque du dégoût face à ce qu’il voit, et est affligé par la monstruosité des personnages.»

Les cahiers du cinéma : « Une complaisance rarement atteinte dans la laideur et la vulgarité. […] Il semble de bon ton aujourd’hui de succomber, en évitant toute portée morale, à la mode anti-humaniste. Chez Szifrón aussi, tous les hommes sont des ordures. »

Comment expliquer ces deux types de réactions ? Sans doute par le fait que ceux qui aiment le film ont réussi à s’identifier aux personnages et par procuration vivent quelque chose qu’ils ne s’autoriserait pas dans la vie réelle. La fiction leur permet de voir ce qu’ils n’osent faire.

Quant à ceux qui n’ont pas aimé, ils ne se retrouvent pas dans les personnages et les voient d’un œil extérieur. Ils sont alors choqués face à l’aberration des actes montrés.

Bande-annonce du film

Par Anna Sales
Paris 3 2015