Françoise Sagan – Bonjour tristesse

Françoise Sagan
Bonjour tristesse
1953
Littérature
France

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En 1953 est publié le premier roman de Françcoise Sagan, agée de 19 ans, Bonjour Tristesse. Il fait alors scandale, bousculant les mœurs des années cinquante. Elle est issue d’un milieu bourgeois, mondain, et bouleverse les codes moraux présupposés. Elle incarne la désinvolture de sa génération, en imposant son écriture déroutante, sans rebondissements mais, teintée d’âme et de sincérité. C’est cette absence de frontière entre la fiction et la réalité qui choque profondément. La jeune auteure renvoie une image lasse de sa génération, qui s’affranchit des traditions en déambulant de fêtes en fêtes et d’amant en amant. Françoise Sagan devient alors un personnage public, qui tombe dans les excès de l’alcool. Elle créé le scandale par son œuvre novatrice et révélatrice des amours sans attaches ; mais aussi par sa vie tourmentée qui colle à la peau de ses romans. Si bien, que ce n’est plus vraiment l’œuvre qui fait scandale mais la jeune artiste en elle-même. Sa vie est remplie de débauche, de jeux d’argent, d’amusements en tous genres.  » L’argent, la fête, le jeu, la vitesse au volant de voitures extravagantes, les amours libres, l’alcool, la drogue ont alimenté sa légende. Sans parler de ses héroïnes de fiction dont le mode de vie, dissolu, a été assimilé au sien »[1], et c’est d’ailleurs là-dessus que se focalise l’éditeur de Sagan. On peut lire sur la couverture, « the sensational best selling novel by a eight-teen-years old French girl ». Le scandale se reporte alors plus sur l’auteure que sur l’œuvre elle-même, les deux étant véritablement liés.

Personnellement, je n’ai pas été choquée puisque la narratrice était alors plus âgée que moi à l’époque où je découvrais le roman, ce qui m’a permis de ne pas m’identifier directement. Je devais avoir 16 ans et la lecture m’a quelque peu perturbé dans mon rapport à la sexualité, expliquée sur un ton particulier et peu vif, empreint d’ennui. Faire l’amour sans amour, dans l’éducation que j’ai pu recevoir, était inconcevable. Ainsi, son écriture et sa franchise envers elle-même m’ont profondément troublé à l’adolescence, jusqu’à ressentir une grande distance entre le personnage et moi. Elle me dégoûtait presque, puisque je ne voulais pas de cette vie-là, qui me semblait fade, comblée de futilités mondaines.  Aujourd’hui je peux sans craintes en apprécier la lecture. Cela m’apprend que lorsque l’on expérimente, la peur et l’angoisse disparaissent et la curiosité devient saine sans être troublée. Malgré cela, et encore aujourd’hui, le choc s’exerce par le ton banal utilisé dans l’écriture. Chaque acte est privé de passion, de joie, et tout semble amer et froid. Ainsi, je crois que le pessimisme vital de Sagan me choque mais ne me scandalise plus, le XXIe siècle exerçant sur nous de la violence quotidiennement et à l’excès.  Mais peut-être que finalement, ce qui nous choquerait aujourd’hui, c’est bien cette banalité troublante, qui s’inscrit en marge du quotidien multimédiatique, trépidant, efficace et précipité que l’on veut nous imposer.

Par Romane Rivol
Université Sorbonne N
ouvelle – Paris3, L3, 2017

 

[1]www.francoisesagan.fr – biographie