Définitions et concepts
Écrits sur l’art : Théorie du choc esthétique
Un choc est un heurt violent entre deux solides; c’est également, au sens esthétique du terme, une rencontre intrusive, presque tactile, entre une œuvre plastique, ou musicale, et une sensibilité réceptrice. L’effet produit est comparable à un coup de fusil, qui frapperait le spectateur en plein cœur, qui le blesserait, voire le tuerait. Nous voudrions montrer que ce mode opératoire constitue l’essentiel du stratagème esthétique de l’art d’avant-garde, qui, depuis le début du XXème siècle jusqu’à nos jours, a jeté les bases de la création dans les arts plastiques.
La nudité sur scène. Survol historique et avenues contemporaines
« La nudité au théâtre constitue un événement qui marque le déroulement du spectacle. Elle est en ce sens efficace puisque tout le monde la remarque. C’est peut-être pourquoi on lui donne le plus souvent une fonction psychologique ou symbolique, plutôt qu’ouvertement érotique ou simplement sensuelle. […] Au cinéma, la nudité cinématographique peut plus facilement passer inaperçue, puisque c’est l’action, l’écriture, qui lui donne une force »
Le théâtre de la catastrophe
The Humanist Theatre
We all really agree.
When we laugh together.
Art must be understood.
Wit greases the message.
The actor is a man/woman
not unlike the author.
The production must be clear.
We celebrate our unity.
The critic is already on our side.
The message is important.
The audience is educated
and goes home
happy
or
fortified
The Catastrophic Theatre
We only sometimes agree.
Laughter conceals fear.
Art is a problem of understanding.
There is no message.
The actor is different in kind.
The audience cannot grasp
everything; nor did the author.
We quarrel to love.
The critic must suffer like
everyone else.
The play is important.
The audience is divided
and goes home
disturbed
or
amazed.
Régis Debray, Sur le pont d’Avignon, Paris, Flammarion, 2005, p.36.
« Là où je voyais sur scène, des femmes et des hommes en costume, généralement debout, se déplaçant par enjambées plus ou moins rapides, je vois leurs successeurs à poil, généralement à quatre pattes ou suspendus la tête en bas. […] Si j’en crois mes yeux, « exprimer l’homme » s’entend à présent au sens de « presse-citron » : en extraire, dans un minimum de temps, le maximum de sang, sperme, bave, larmes, vomi, règles, sueur, pisse et merde. »
Denis Guénoun, « Dispositions critiques : entretien avec Sylvie Martin-Lahmani », Alternatives théâtrales, nos.85-86, 2005, p.107.
« Une supposée provocation, une supposée révolte sont des poncifs, des modes de reproduction des codes aujourd’hui dominants. Par exemple, l’idée que la violence, la présentation, l’exposition de la violence aurait en soi une valeur de révolte ou de provocation me paraît un des présupposés constitutifs de l’idéologie contemporaine de la représentation. […] Je pense que la violence n’a aucune valeur critique et que désormais c’est la violence qui doit être critiquée »
Artaud, Le théâtre et son double, p. 228
« Le spectateur qui vient chez nous sait qu’il vient s’offrir à une opération véritable, où non seulement son esprit mais ses sens et sa chair sont en jeu. Il ira désormais au th comme il va chez le chirurgien ou chez le dentiste. Dans le même état d’esprit, avec la même pensée évidemment qu’il n’en mourra pas, mais que c’est grave, et qu’il ne sortira pas de là-dedans intact (…) Il doit bien être persuadé que nous sommes capables de le faire crier»