Francis Bacon – Figure with Meat

Francis Bacon
Figure with Meat
1954
Peinture
Angleterre

figurewithmeat1954

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Francis Bacon, Figure with Meat, 1954, huile sur toile, 130 cm X 120 cm, Institut d’art de Chicago

Francis Bacon est un peintre anglais du XXème siècle. Pour comprendre son travail étonnant, nous pouvons commencer par souligner la diversité des artistes qui peuvent l’inspirer. Nous retrouvons dans ses toiles des références explicites à Velásquez, d’un autre côté son style se nourrit aussi du travail cubiste de Picasso ou Braque, et même de l’expressionniste de Van Gogh. Ses œuvres expriment toujours une certaine violence, une cruauté, des tragédie s’y déroulent dans une atmosphère glauque créant la fascination du spectateur. Un équilibre et ,dans une certaine mesure, une esthétique, se dégagent de la toile et saisit son spectateur.

Retrato_del_Papa_Inocencio_X._Roma,_by_Diego_Velázquez

Diego Velásquez, Portrait d’Innocent X, 1650, huile sur toile, 140 X 120 cm, Galerie Doria Pamphilj

Le tableau Figure with Meat peint en 1954 reprend un célèbre tableau de Velásquez, le portrait du Pape Innocent X.  Par le biais de cette reprise, F. Bacon se place dans une tradition de portrait religieux cependant, il détourne le tableau de Velásquez qui est très propre, de couleurs vives avec du rouge et du doré et fait ressortir la froideur par du noir et du violet. En effet dans le tableau d’origine, malgré les couleurs plutôt chaudes, le pape ne sourit pas réellement. Bacon reprend cette atmosphère froide et renverse les codes apparents de la richesse pour faire évoluer le tableau. Nous faisons donc face à un tableau à fond noir, où le visage du personnage comme dans beaucoup de  ses tableaux est déformé, presque invisible. La peinture de son chapeau coule sur son visage et en efface les principaux traits. Sa cape violette, qui dessine vaguement les traits de son corps, intrigue. Les mains qui en sortent son d’un blanc éclatant, très lumineux, et attire l’œil.

À l’arrière-plan, nous pouvons observer une carcasse d’animal (un porc ?), que l’on imagine suspendu, il est donc divisé en deux latéralement. Chaque côté est positionné sur les propres côtés du personnage. Nous pouvons retrouver, à travers cette carcasse, un autre héritage de Bacon, celui de Rembrandt avec son tableau Le bœuf écorché. 

Rembrandt - Bœuf écorché

Rembrandt Van Rijn, Le Bœuf écorché, 1655, huile sur toile, 94 X 69 cm, Musée du Louvre, Paris.

Cette oeuvre est un tableau presque naturaliste avant l’heure où l’artiste a peint avec précision la carcasse d’un bœuf. Les côtés du bœuf peuvent faire penser à des ailes d’anges. Il joue ici avec la représentation de la religion en appuyant le côté morbide et glauque qu’elle peut aussi véhiculer, comme notamment les papes de l’époque d’Innocent X.

Dans ce tableau Bacon se joue de la religion, et révèle toute l’obscurité dont elle porteuse, c’est un tableau très sombre, surprenant, trash, tout est sali. L’insertion d’une carcasse d’animal dans la composition de ce tableau augmente le potentiel trash de l’œuvre qui peut choquer, par sa violence politique et esthétique.

Université Sorbonne Nouvelle – Paris3, L3, 2017